Découverte du tombeau de Thoutmôsis II 

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Le ministère égyptien du Tourisme et des Antiquités a récemment annoncé la découverte du tombeau de Thoutmôsis II, pharaon de la XVIIIe dynastie (1492-1479 av. J.-C.). Cette mise au jour, réalisée dans la région du mont de Thèbes, à l’ouest de Louxor, constitue un événement archéologique d’envergure. Bien que la découverte ait d’abord été annoncée comme la plus importante depuis celle de la tombe de Toutankhamon en 1922, elle doit être replacée dans un contexte plus mesuré. Elle reste cependant l’une des rares sépultures de pharaons du Nouvel Empire retrouvées depuis un siècle.

Crédits Ministère du Tourisme et des Antiquités

Le tombeau, en mauvais état en raison d’inondations survenues peu après la mort du souverain, avait perdu une grande partie de son mobilier funéraire. Cependant, il contient des éléments architecturaux et décoratifs d’une grande valeur scientifique.

Piers Litherland, chef de la mission et directeur des fouilles, a déclaré :
« Au départ, nous pensions avoir trouvé la tombe d’une épouse royale, mais l’escalier large et la grande porte suggéraient quelque chose de plus important. La découverte que la chambre funéraire avait été décorée avec des scènes de l’Amduat, un texte religieux réservé aux rois, a été une immense surprise et le premier indice que nous étions bien en présence d’une tombe royale. »

Un tombeau endommagé mais porteur d’indices fascinants

À l’intérieur du tombeau, des archéologues ont restauré des fragments de plâtre effondrés, révélant des motifs complexes, notamment des inscriptions bleues, des étoiles jaunes et des extraits du Livre de l’Amduat. Ce texte funéraire décrit le voyage nocturne du dieu solaire Rê à travers le monde souterrain, symbolisant la renaissance du roi dans l’au-delà.

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Mohamed Ismail Khaled, secrétaire général du Conseil suprême des antiquités, a ajouté :
« Les équipes archéologiques ont restauré des parties du plâtre tombé, ornées de motifs complexes, notamment des inscriptions bleues, des étoiles jaunes et des éléments du Livre de l’Amduat, un texte religieux clé utilisé dans les tombes royales. »

Les fouilles ont également révélé des artefacts précieux, notamment des fragments de jarres en albâtre portant les noms de Thoutmôsis II et de sa principale épouse, Hatchepsout. Ces objets sont particulièrement significatifs, car aucun autre vestige associé au mobilier funéraire du pharaon n’avait jamais été retrouvé auparavant.

Piers Litherland a souligné l’importance de cette découverte :
« Les artefacts découverts dans la tombe, y compris des fragments de jarres en albâtre portant des inscriptions avec les noms de Thoutmôsis II et de son épouse Hatchepsout, fournissent une preuve définitive. Ce sont les seuls artefacts jamais retrouvés en lien avec la sépulture de Thoutmôsis II. »

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Une énigme autour d’un possible second tombeau

Si la momie de Thoutmôsis II ne se trouvait pas dans la tombe – elle avait été déplacée dès l’Antiquité et retrouvée en 1881 dans la cachette de Deir el-Bahari (DB320) –, une autre découverte intrigue les chercheurs. Des indices archéologiques suggèrent qu’avant l’an 6 du règne de Thoutmôsis III, une inondation catastrophique aurait endommagé la tombe, obligeant à déplacer son contenu vers une autre sépulture.

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Piers Litherland a expliqué :
« À un moment donné avant l’an 6 du règne de Thoutmôsis III, les preuves archéologiques suggèrent qu’une inondation catastrophique a touché la tombe, après quoi son contenu a été déplacé vers une seconde sépulture. »

Or, la mission a découvert un dépôt de fondation intact, ce qui laisse penser que cette seconde tombe pourrait encore être cachée dans la vallée. Cela remettrait en question l’identité du corps référencé sous le numéro CG61066, retrouvé en 1881 et traditionnellement identifié comme étant celui de Thoutmôsis II.

Mohsen Kamel, directeur adjoint des fouilles, a commenté cette hypothèse surprenante :
« L’existence possible d’une seconde tombe, très probablement intacte, de Thoutmôsis II est une perspective étonnante. »

Par ailleurs, la structure du tombeau présente une particularité intéressante : un deuxième couloir inhabituel.

Piers Litherland a décrit cette anomalie architecturale :
« La tombe suit un plan simple, typique des premières versions du modèle en ‘virage à gauche’ adopté par les rois de la 18e dynastie. La seule anomalie est ce deuxième couloir, qui, au départ, semblait être un tunnel creusé par des pilleurs. Cependant, il a été agrandi à deux reprises, enduit de plâtre blanc et il s’élève plutôt qu’il ne descend. Ce couloir traverse la chambre funéraire, à 1,4 mètre au-dessus du sol. On estime que le niveau de l’eau atteignait cette hauteur lors de l’inondation de la tombe. Il semble avoir été créé pour permettre l’extraction du corps du roi de son tombeau inondé. »

Crédits Ministère du Tourisme et des Antiquités

Une avancée majeure dans l’étude de la 18e dynastie

Cette découverte marque une étape importante dans la compréhension des pratiques funéraires du Nouvel Empire. Elle permet non seulement d’enrichir nos connaissances sur Thoutmôsis II, un pharaon souvent éclipsé par Hatchepsout et Thoutmôsis III, mais aussi de poser de nouvelles questions sur le sort de sa sépulture. Si la piste d’une seconde tombe se confirme, elle pourrait offrir des trouvailles encore plus spectaculaires.

Les recherches se poursuivent donc, et les archéologues espèrent que les prochaines campagnes de fouilles permettront d’élucider ce mystère. Quoi qu’il en soit, cette découverte démontre une fois de plus que la vallée de Thèbes recèle encore bien des secrets, prêts à être dévoilés au fil des explorations.

L’égyptologue français Jean-Guillaume Olette-Pelletier explique : 
Il s’agit d’une découverte majeure qui permet de combler la lacune sépulcrale de ce pharaon. Elle apporte une donnée nouvelle sur l’exclusivité de l’utilisation de la Vallée des Rois comme seul emplacement funéraire privilégié par les souverains de la 18e dynastie après Ahmosis Ier »

Jean-Guillaume Olette-Pelletier

Publication certifiée par le Dr. Jean-Guillaume Olette-Pelletier

Jean-Guillaume Olette-Pelletier est docteur en égyptologie, chercheur associé de l’Université Paris Sorbonne, chargé d’enseignement à l’Institut Catholique de Paris, auteur notamment de Mystères et Secrets des Pharaons aux Editions Larousse.