Des recherches récentes révèlent que les tatouages précolombiens étaient souvent plus précis et détaillés que les techniques de tatouage modernes. Une analyse de plus de 100 restes humains tatoués de la culture Chancay a montré que les lignes les plus fines étaient probablement réalisées avec une aiguille de cactus ou un os d’animal aiguisé.

Les tatouages précolombiens, souvent réservés aux élites
Les premiers restes humains momifiés avec des tatouages précolombiens bien conservés appartiennent à une femme de l’élite de la culture Moche, connue sous le nom de « Dama de Cao ». Judyta Bąk1, du Département d’histoire de l’Université Jagellon, a expliqué que les tatouages étaient principalement réservés aux classes supérieures, bien qu’ils fussent relativement courants dans toute l’Amérique du Sud préhispanique.
Les tatouages précolombiens ont été conservés dans des états très variés, allant de motifs clairement visibles à des traces presque complètement effacées. Plusieurs facteurs influencent leur état de conservation, notamment la précision de leur réalisation, les pigments utilisés, le temps écoulé depuis leur création, et les conditions environnementales et de stockage.
Judyta Bąk précise :
« Jusqu’à présent (…) la méthode LSF a été utilisée pour examiner 100 restes momifiés de la culture Chancay ainsi que plusieurs appartenant aux cultures Paracas, Lima et Ychma »

Des techniques innovantes pour révéler les détails des tatouages
Pour étudier ces tatouages, les chercheurs ont utilisé la fluorescence stimulée par laser (LSF), une technique d’imagerie innovante. Cette méthode a permis d’obtenir des images extrêmement détaillées des tatouages, révélant des lignes fines de 0,1 à 0,2 mm de large, réalisées avec une précision remarquable. Les résultats suggèrent que les membres de la culture Chancay accordaient une importance particulière à la réalisation de leurs tatouages, qui rivalisaient en précision avec les techniques modernes.
Les tatouages étudiés représentent principalement des motifs géométriques et zoomorphes. La plupart des échantillons montraient des tatouages sous forme de taches amorphes aux bords flous, tandis que les fines lignes n’étaient visibles que sur certains restes momifiés. Les chercheurs supposent que chaque point d’encre était placé manuellement avec une grande précision, probablement à l’aide d’outils plus pointus que les aiguilles de tatouage standard, comme des aiguilles de cactus ou des os d’animaux aiguisés1.
Judyta Bąk a souligné que les tatouages étaient une forme d’art complexe et essentielle dans la culture Chancay, démontrant un niveau de sophistication artistique plus élevé que prévu.
Judyta Bąk confirme :
« En comparant les tatouages de l’homme de Huacho avec d’autres exemples de la culture Chancay, on peut supposer que leur nombre et la complexité des décorations indiquent un rôle particulier de cet homme dans les structures sociales de cette culture, a souligné Judyta Bąk. »
Cette découverte offre un aperçu fascinant des pratiques culturelles et des compétences artistiques des anciennes civilisations précolombiennes.

