Une équipe d’archéologues polonais a récemment lancé une mission de recherche sur la tombe du pharaon Chepseskaf, l’un des souverains les plus énigmatiques de l’Égypte antique. Situé sur la célèbre nécropole de Saqqarah, ce monument funéraire intrigue les chercheurs depuis des décennies. Grâce à un projet financé par des mécènes et des institutions académiques, les scientifiques espèrent lever le voile sur de nombreux mystères entourant ce site exceptionnel.

Une mission internationale pour une tombe unique
Le 24 janvier 2025, une équipe d’archéologues polonais du l’Institut des Cultures Méditerranéennes et Orientales de l’Académie Polonaise des Sciences, soutenue par la Fondation Umbra Orientis, a pris la direction de l’Égypte pour entamer deux mois de fouilles intensives. Leur objectif : explorer en détail la tombe de Chepseskaf, dernier souverain de la IVe dynastie (vers 2500 av. J.-C.), successeur probable du pharaon Mykérinos.
Contrairement à ses prédécesseurs, qui ont choisi d’être enterrés dans des pyramides, Chepseskaf a opté pour une structure atypique, une gigantesque mastaba en pierre, connue sous le nom de « Mastaba el-Faraoun » (« Le Banc du Pharaon »). Ce choix a longtemps intrigué les égyptologues, certains y voyant une rupture avec la tradition pyramidale, possiblement due à des raisons politiques ou religieuses.
La professeure Teodozja Rzeuska, responsable de la mission « Mastaba Faraona » déclare :
« Nous entamons un voyage passionnant qui, nous l’espérons, nous permettra de résoudre de nombreuses énigmes. Cette mission offre une occasion unique de mieux comprendre non seulement le tombeau de Chepseskaf, mais aussi l’évolution des pratiques funéraires à la fin de la IVe dynastie ».

Des recherches approfondies au cœur du tombeau
Les investigations prévues se concentreront sur plusieurs aspects du site :
- Exploration de l’intérieur du tombeau, en particulier l’analyse des conditions de construction de la mastaba.
- Étude du sarcophage en basalte, détruit dès l’Antiquité, dont les fragments seront examinés pour tenter d’en comprendre l’origine et les éventuelles inscriptions.
- Fouilles sur la façade sud de la structure et analyse d’une petite chapelle attenante au mur est du tombeau.
Cette mission est la deuxième phase d’un projet scientifique ambitieux. Lors d’une première campagne en 2024, les chercheurs avaient réalisé des relevés topographiques détaillés et créé un modèle 3D de la mastaba, permettant une analyse approfondie de sa structure et de son état de conservation.

Un projet financé grâce à la mobilisation de mécène
La concrétisation de cette mission a nécessité un budget d’au moins 250 000 zlotys (environ 57 000 euros), une somme obtenue grâce à la générosité de près de 2000 donateurs via la plateforme Patronite, ainsi que grâce au soutien d’entreprises membres de la Polska Rada Biznesu et de la Fondation OmenaArt.
Le docteur Krzysztof Radtke, directeur adjoint de la mission, souligne :
« L’autorisation accordée par le gouvernement égyptien pour l’étude de ce site exceptionnel, lieu de repos d’un roi de la IVe dynastie, est une reconnaissance majeure pour la science polonaise. Nous sommes très reconnaissants envers tous les donateurs et institutions qui nous ont permis de mener à bien ce projet ».
Un tournant pour l’archéologie égyptienne
Les résultats attendus de cette campagne pourraient réévaluer notre compréhension de la transition entre les IVe et Ve dynasties, une période encore floue dans l’histoire égyptienne. L’étude des vestiges de la tombe de Chepseskaf pourrait révéler des indices sur les motivations qui ont conduit ce pharaon à abandonner la construction pyramidale, ainsi que sur l’évolution des pratiques funéraires royales à cette époque.
Avec cette mission, l’archéologie polonaise renforce sa présence en Égypte et contribue à l’exploration de sites historiques majeurs. Si ces recherches aboutissent à des découvertes significatives, elles pourraient modifier notre perception des traditions funéraires égyptiennes et apporter un nouvel éclairage sur les choix architecturaux d’un souverain encore largement méconnu.

