L’égyptologue français, Dr Jean-Guillaume Olette-Pelletier, annonce la découverte de textes cachés sur l’obélisque de la Concorde, révélant de nouvelles informations sur le règne de Ramsès II et sur la lecture des hiéroglyphiques.
L’obélisque de la Concorde, plus vieux monument de la ville de Paris, révèle ses derniers secrets. L’égyptologue français Jean-Guillaume Olette-Pelletier (Université Paris-Sorbonne / Institut Catholique de Paris) présente ainsi ses dernières découvertes dans un article scientifique en cours de publication.
L’égyptologue a identifié au sommet de l’obélisque une cryptographie hiéroglyphique multiple au fonctionnement tridimentionnelle (3D), c’est-à-dire avec une lecture non plus sur le seul support plat, mais aussi dans l’espace.
Grâce au soutien de la DRAC et du ministère de la Culture, Jean-Guillaume Olette-Pelletier a pu profiter de l’échafaudage installé pour la rénovation du monument avant les Jeux de Paris 2024, afin de monter au sommet et ainsi analyser les scènes gravées et les textes qu’elles contiennent. Ce faisant, il est le premier égyptologue à avoir pu accéder au sommet du monument depuis son installation sur la place de la Concorde en 1836.
Ramsès II en quête d’affirmation de sa légitimité divine
Dans la tradition pharaonique, le roi est un dieu sur terre. Il est successeur du dieu faucon Horus, et c’est en tant qu’Horus, qu’il engendre son héritier, amené à régner sur la Haute et la Basse-Égypte. Cependant, lorsque Séthi Ier monta sur le trône, son fils, Ramsès II, était déjà adolescent. Il ne pouvait donc jouir de cette naissance divine.
Jean-Guillaume Olette-Pelletier précise :
« Séthi Ier s’est efforcé de toujours représenter son fils à ses côtés pour légitimer sa succession. C’est notamment le cas dans le temple d’Abydos, cité sainte de l’Égypte pharaonique, où le roi et son fils sont représentés à côté de la liste de tous les noms de pharaons qui les ont précédés, afin d’affirmer une filiation de pouvoir ».
En l’an 2 de son règne, Ramsès II a également procédé à une modification de son nom. Il a fait modifier sa titulaire
L’égyptologue explique :
« À son nom ‘Ousermaâtrê’ (le puissant et juste de Rê) il ajoute le nom ‘Setepenrê’ (élu de Rê) afin de se créer un lien direct avec le dieu soleil Rê »
Cette modification est inscrite sur les faces de l’obélisque de la Concorde, puisque le nom du roi est différent en fonction des faces, permettant de dater sa gravure en 2 phases, avant et après l’an 2 de son règne.
Nouvelles découvertes
Parmi les nouveaux secrets découverts sur l’obélisque, le docteur Jean-Guillaume Olette-Pelletier explique que l’une des scènes gravées en haut de chaque face, est différente des autres.
Jean-Guillaume Olette-Pelletier explique :
« Sur le côté situé face au Nil, et donc face à la Seine aujourd’hui, la couronne du roi est différente et le texte qui l’accompagne est explicite. Cela vise à porter un message à destination de la noblesse, apte à lire l’iconotexte, et qui accédait par bateau au temple de Louqsor lors de la fête annuelle d’Opet, célébrant le retour des forces vitales du dieu Amon. Par ces ‘rébus’, Ramsès II rappelait qu’il avait été choisi par les dieux, qu’il était d’essence divine et de ce fait légitime à diriger l’Egypte.Seul cet angle de vue [càd. depuis le Nil] leur permettait de lire le cryptotexte ordonné par Ramsès II ».
Il a également découvert, cachés dans les scènes, des hiéroglyphes qui, une fois combinés, forment des phrases rituelles en lien avec le fonctionnement du temple de Louqsor et les rituels spécifiques accomplis par le pharaon au début de son règne.
A propos des cryptographies hiéroglyphiques et des cryptographies tridimensionnelles
Si Jean-François Champollion a pu percer la clé de compréhension des hiéroglyphes en 1822, s’appuyant sur les dessins de la Pierre de Rosette, rapportés par les scientifiques de l’expédition napoléonienne, beaucoup de mystères restaient encore à découvrir. (Jean-François Champollion n’a jamais vu la Pierre de Rosette, récupérée par les Anglais).
Les travaux du chanoine Étienne Drioton dans les années 1950 ont permis de mettre au jour les cryptographies hiéroglyphiques, c’est-à-dire des sortes de rébus, ou des textes cachés dans les inscriptions hiéroglyphiques. Si certains Egyptiens pouvaient lire les hiéroglyphes, seule une certaine élite était capable de comprendre les messages cachés qu’ils pouvaient contenir, considérés comme un langage des dieux.
En 2022, Jean-Guillaume Olette-Pelletier a également découvert que ces textes pouvaient être cachés dans des contextes tridimensionnels (3D). Il a notamment publié un article scientifique dans le Bulletin de l’Institut français d’archéologie orientale (BIFAO) sur le cryptotexte du trône d’enfant de Toutânkhamon. La présence du roi sur le trône permettait en effet de créer une phrase cachée, ses bras et ses jambes devenant eux-mêmes des hiéroglyphes qui se combinent avec ceux présents dans la décoration interne et externe du trône.
Aujourd’hui, 6 égyptologues dans le monde travaillent activement au décryptage des cryptographies hiéroglyphiques pour percer de nouveaux secrets pharaoniques dont Dr Jean-Guillaume Olette-Pelletier (Université Paris-Sorbonne / Institut Catholique de Paris, France), Pr. John Darnell (Yale University, Etats-Unis) ou encore Pr. Andreas Stauder (Ecole Pratique des Hautes Etudes/PSL, France).
Ces découvertes majeures soulignent une lecture nouvelle des monuments égyptiens, s’appuyant cette fois sur une lecture dans l’espace et non plus sur le seul support en 2 dimensions. Avec ce nouveau regard, l’obélisque de la Concorde révèle enfin ses derniers secrets.

Publication certifiée par le Dr. Jean-Guillaume Olette-Pelletier
Jean-Guillaume Olette-Pelletier est docteur en égyptologie, chercheur associé de l’Université Paris Sorbonne, chargé d’enseignement à l’Institut Catholique de Paris, auteur notamment de Mystères et Secrets des Pharaons aux Editions Larousse.

